La décroissance est un concept à la fois politique, économique et social, né dans les années 1970 et selon lequel la croissance économique apporte davantage de nuisances que de bienfaits à l'humanité.
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Selon les acteurs du mouvement de la décroissance, le processus d'industrialisation a trois conséquences négatives : des dysfonctionnements de l'économie (chômage de masse, précarité, etc.), l'aliénation au travail (stress, harcèlement moral, multiplication des accidents, etc.) et la pollution, responsable de la détérioration des écosystèmes et de la disparition de milliers d'espèces animales. L'action de l'homme sur la planète a fait entrer celle-ci dans ce que certains scientifiques considèrent comme une nouvelle époque géologique, appelée l'Anthropocène (qui aurait succédé à l'Holocène), et cette action menacerait l'espèce humaine elle-même. L'objectif de la décroissance est de cesser de faire de la croissance un objectif.
Ne se référant à aucun courant doctrinal mais partant d'un axiome de base (« On ne peut plus croître dans un monde fini »1), les « décroissants » (ou « objecteurs de croissance », même si certains considèrent ces deux dénominations comme différentes2) se prononcent pour une éthique de la simplicité volontaire. Concrètement, ils invitent à réviser les indicateurs économiques de richesse, en premier lieu le PIB, et à repenser la place du travail dans la vie (pour éviter qu'il ne soit aliénant) et celle de l'économie (de sorte à réduire les dépenses énergétiques et ainsi l'empreinte écologique). Leur critique s'inscrit dans la continuité de celle du productivisme, amorcée durant les années 1930 et qui dépasse celle du capitalisme et celle de la société de consommation, menée pendant les années 1960.
Le concept de décroissance peut être approché depuis de multiples entrées : politique, écologie, technocritique, éthique3. Il se réfère notamment aux nouvelles approches du concept de croissance économique (rapport Meadows, Georgescu-Roegen, etc.) nées durant les années 1970 sous la pression de la crise écologique, quand le mot « décroissance » apparaît puis se généralise. Au sein de ce courant sont recherchées des alternatives au paradigme de la croissance (bioéconomie, localisme, basse technologie, etc.) ainsi que les moyens de les inscrire dans le champ de la politique institutionnelle (par exemple la création du Parti pour la décroissance en France en 2005).
Depuis 2001, l'adjectif « soutenable » est souvent accolé au mot « décroissance » afin de mieux le faire apparaître comme l'alternative au concept du développement durable, qui bénéficie d'une plus grande reconnaissance auprès de la classe politique et des industriels mais que les décroissants qualifient de « faux ami »4 voire d'« imposture », les moins polémistes d'entre eux arguant simplement qu'il est trop tard pour le mettre en œuvre5.